Repas à Warre le 30 octobre 2025
A l'occasion de la venue de Andreina Tarasco-Pinsoglio au Banneway
Mises en bouche
De gauche à droite dans le sens des aiguilles d’une montre :

Tartare de tomates confites au ketchup de cassis sur lit de viande des grisons croquante ; verrine de ricotta, truite fumée et pomme jonagold ; foie gras, crème de betterave et oignons frits ; chèvre cendré, figues rôties, champignons bruns, framboise et truffe.
Guido Berlucchi Franciacorta 61 millesimato dosaggio zero 2016
70% chardonnay et 30 % pinot noir. Rendement inférieur à 30 hl/ha. Vinification en cuve inox puis élevage de 6 mois en barriques (pas de bois neuf). 60 mois sur lattes. Dégorgement 2023. 43 €
Nez ouvert sur la poire et autres fruits du verger, le biscuit parfumé aux herbes et fleurs des champs, un peu de grillé et une salinité discrète en arrière plan. La bouche propose un fruit juteux et une bulle bien fine. L’ensemble est fluide et presque délicat plutôt que puissant et tonique ce qui n’empêche ni une certaine envergure ni une fraîcheur désaltérante. La persistance est toutefois assez limitée. Nouvelle dégustation de ce vin avec une impression sensiblement différente de la précédente il y a quelques mois…
Champagne Yves Ruffin Racines
Détail de la cuvée donné par Vinozzy quelques post plus avant : « Attention, cuvée unique ! Fruit de l'utilisation de tous les vins de réserve du domaine en 2019 avant l'arrivée d'Antonin qui repartira avec une feuille blanche et les cuves vides...
75% de chardonnay de 2016 et 2017 élevé sous acacia
25% de pinot noir issu d'une Soléra de 2021 à 2017 élevé sous chêne
Mise en bouteille en 2019, gardé 4 ans en cave avant dégorgement en 10/2023. Dosage 3 gr. »
Nez expressif d’abord sur la verveine, le citron jaune et une légère note oxydative qui donne un peu de profondeur. L’aération ajoutera davantage de complexité avec notamment des senteurs de fleurs blanches et de menthe poivrée. La bouche est dense et dynamique appuyée sur une bulle de grande finesse et une matière assez concentrée mais précise et élégante jusqu’à la finale. Belle persistance fruitée avec des amers délicats. Très beau champagne proposant une sorte de gourmandise pleine de classe et un olfactif des plus séduisants.
Champagne Egly-Ouriet Brut Tradition Grand Cru
Dégorgé en 09/2007 après 38 mois de cave
Premier nez franchement oxydatif (mais loin d’être oxydé) puis évoluant vers l’encaustique, l’orangette, le rhum, le thé, les fruits secs grillés et un soupçon d’épices orientales jaunes. La bouche est vineuse et assez puissante avec une bulle légère sans être évanescente. L’ensemble est frais sans être particulièrement tonique et propose des amers finaux de grande classe ainsi qu’une persistance de très beau niveau sur la crème brûlée. Champagne de caractère manquant toutefois un peu de finesse pour être au top.
Le franciacorta et Racine jouent un peu dans le même registre aromatique et stylistique avec toutefois un surcroît évident d’intensité et de dynamisme pour le champagne qui marque donc ainsi un saut qualitatif indubitable. La typicité d’Egly Ouriet renforcée par son évolution ne l’a pas avantagé, sans remettre en cause ses qualités propres. Avantage Ruffin pour tout le monde.

Cœur de cabillaud sauce thaï, poivrons

Hartmann Dona Mitterberg Weiss Dona Blanc 2019
Assemblage de vieilles vignes : 60% pinot blanc et 40% chardonnay. Le premier sur des sols légers de gneiss et porphyre, le second sur un terrain plus lourd de graviers calcaires et argiles. Fermentations (FA et FML) en cuve bois puis élevage sur lies pendant 23 bois en barriques suivi d’un repos de 2 ans en bouteilles.
Bouquet assez discret au départ sur des senteurs d’herbes fraîches, de poire, de pamplemousse jaune et de citron frais. Il s’ouvrira lentement en ajoutant des notes de verveine, de camomille et de rose fanée avec une touche de curcuma. La bouche est déliée et fraîche avec une texture enrobée et crémeuse qui accompagne un fruit mûr et juteux. De petits amers délicats apportent de la structure en fin de bouche. Aucune trace de bois marquée. C’est parfaitement équilibré et empreint d’une certaine noblesse. Belle longueur finale, fruitée, avec une touche de salinité.
Weingut Kollwentz Chardonnay Tatschler 2019
100% chardonnay. Sols composés d’argiles brunes et de débris de calcaire sur socle de schistes près de Eisenstadt (sous-région de Leithaberg). Exposition sud-est. Altitude 203 à 238 m. Fermentations sous bois. Elevage en barriques pendant 12 mois suivi d’une homogénéisation en cuve pendant 6 mois.
Nez d’abord retenu mais élégant sur la poire avec une trace d’élevage encore marquée. Puis, il s’ouvre davantage sur des senteurs d’herbes aromatiques (thym, romarin, menthe), de fumée et de silex frotté avec quelques notes de fleurs blanches discrètes par intermittence. L’attaque en bouche est ferme, la suite concentrée et relativement fraîche malgré, à nouveau un élevage bien présent. C’est plus longiligne que large mais on ressent une certaine plénitude à défaut de réelle ampleur. C’est bien équilibré, sur un mode sérieux et classieux malgré une finale dont la persistance conséquente est fondée sur des amers assez costauds.
Sur le plat, les amers du Tatschler se font plus discrets et son sérieux donne un très bon accord gastronomique (avec du répondant mais sans folie) alors que la gourmandise fruitée du Dona Blanc qui se maintient sur le poisson emporte de peu les suffrages malgré un accord moins classique.

Duo de noix d’entrecôtes (provenance Irlande et Uruguay), röstis maison et salade verte.
A noter le fondant superbe de l’irlandaise alors que la viande d’Uruguay est moins persillée et plus ferme mais bien goûteuse également.
Domaine des Petits Riens « Ici et Maintenant » 2016 (Val d’Aoste)
Assemblage de 90% syrah et 10 % mondeuse. Vignoble au quartier de Chabloz derrière le domaine planté en 1998. Sols sableux riches en débris de gneiss, exposition sud. Altitude 600 à 700 m. Fermentation en cuve inox avec macération de 30 jours puis élevage pour moitié en cuve inox et pour moitié en barriques pendant 24 mois. NB bouteille n°387 des 1234 produites.
Bouquet intensément fruité sur la mûre, la crème de cassis et la cerise noire ; arômes associés rapidement à des senteurs de chicorée, de tabac noir, de créosote et de terre remuée. Le nez évoluera constamment entre fruit et côté sombre plus austère. La bouche est ronde et large, concentrée et ferme. Malgré des tanins bien fondus, le vin propose du caractère, de la mâche et une sensation assez rustique renforcée par des amers finaux et terreux sévères qui imprègnent une persistance imposante.
Domaine Duclaux Côte-Rôtie Maison Rouge 2010
Bouquet expressif, profond et fruité sur des senteurs de cassis et de mûre puis de lard fumé, chocolat amer et café noir froid. Des nuances plus volatiles de vanille et de violette surnagent et une pointe de garrigue donne encore un surcroît de complexité. La bouche est fruitée et précise dès l’attaque. L’élevage reste perceptible mais est parfaitement maîtrisé et intégré. La matière est fine et fraîche encore posée sur des tanins un peu marqués mais l’ensemble propose globalement une sorte d’élégance enrobée qui se résout dans une longue finale sur la viande fumée et le chocolat amer. Très beau vin auquel il manque un peu d’accroche et de folie pour mériter davantage de louanges.
Pour les dégustateurs, les marqueurs de la syrah sont plus évidents (ou identifiés) dans « Ici et Maintenant » que dans le Côte-Rôtie. Néanmoins, on se trouve face à une intensité rustique qui finit par céder le pas devant l’élégance. Avantage Côte-Rôtie pour moi mais c’est moins évident pour la tablée. Accord égal pour les deux crus avec la viande. Cela écrit, à J+1, les qualités de « Ici et Maintenant » ressortent davantage avec un aspect mondeuse de haut vol plus marqué. Et à J+2, le côté rustique, estompé, fait place à une belle intensité de fruit, ce qui réduit encore l’écart entre les deux crus.

En rédigeant, je me fais une réflexion presque impertinente : dans, la plupart des ces, le vin moitié moins cher (et moins renommé) que son « opposant » a octroyé autant si pas davantage de plaisir. A méditer…
Fromages
Clos Velicane Sivi Pinot 2022
Commentaires à J+3
Nez pas trop intense sur le coing, le thé vert et par moment des arômes fugaces de fleurs des champs et de zeste d’orange. Par la suite, le côté salin et fumé (feu de broussailles) donne un peu de peps et tend à éclipser les senteurs plus fines. La bouche est ronde et enrobée, construite en largeur et donne une impression de puissance contenue. Malgré un alcool un peu sensible, on a beaucoup de fraîcheur pour compenser et, surtout, de solides amers en fin de bouche pour apporter de la structure.